Les diverses parties prenantes de l’hydroélectricité étaient bien représentées dans l’assistance : propriétaires ou salariés d’exploitants (de la centrale lilliputienne comme la mienne à l’unité de 8 MW), membres d’administration et d’institutions (Agence de l’eau, Parc naturel), partenaires des producteurs (courtiers, bureaux d’études, acheteurs d’énergie), et enfin aspirants à la production hydraulique en quête d’un site.
Ce stage a le mérite d’offrir un panorama complet des domaines dans lesquels l’exploitation d’une petite centrale requiert des compétences. Malgré la diversité des niveaux de connaissances, tous les intervenants ont su partager leur savoir à la hauteur des besoins de chacun.
A noter également un état d’esprit extrêmement agréable de la part des intervenants extérieurs qui ont su parler de leur sujet sans en faire une tribune publicitaire pour leur marque (ceci est valable également pour les orateurs d’Erema).
Chaque session est donc animée par un véritable passionné, heureux de partager sur son sujet de prédilection :
M. Dominique Boisson a ouvert les débats avec des notions générales sur l’hydroélectricité, qui replacent judicieusement le métier dans un contexte, et introduit les sessions suivantes. C’est également lui qui a eu la lourde tâche de rendre attractive la réglementation et la législation sur l’usage de l’eau : mouvantes, changeantes, soumises à interprétations, les lois qui concernent l’activité sont nombreuses et l’expérience de l’orateur est un vrai phare dans la brume ! Qu’il soit également remercié pour la passionnante visite guidée de la centrale de la Lignarre dont il a porté le projet et qui produit ses premiers kW depuis quelques mois : outre les explications sur ce long parcours de création, les détails sur les solutions techniques retenues, nous avons eu le plaisir de voir une magnifique installation, dont les Francis sentent bon la peinture fraiche : que c’est beau une centrale neuve !
M. Alain Moissonnier remplaçant au pied levé l’intervenant initialement prévu, a guidé l’auditoire dans le maquis des réglementations concernant les raccordements et les contrats d’achat : dans un environnement en mutation avec l’échéance le la plupart des contrats H97, la montée en puissance des acheteurs hors obligation d’achat, cette session constitue une mise au point primordiale.
M. Jacques Etienne, dont les quelques décennies à installer, ausculter, réparer, observer des turbines de tous types, sous toutes les latitudes n’ont visiblement pas émoussé la passion communicative pour les moteurs hydrauliques, dont il a expliqué les aspects techniques, les « traits de caractères », illustrés d’une magnifique iconographie. Les éléments fondamentaux des calculs hydrauliques dont la connaissance est indispensable ont été également simplement et clairement exposés.
M. Jean-Philippe Reiller s’est chargé de la partie électrique, qui est bien souvent et paradoxalement un domaine dans lequel des exploitants montrent quelques limites. Pour résumer sa capacité pédagogique, il suffit de dire que j’ai compris ce qu’était la puissance réactive : si pour vous c’est une notion plus proche de l’ésotérisme que de la physique, venez au stage Erema, avec l’aide d’un canal et d’un cheval, et la bienveillance de M. Reiller, le mystère sera moins épais.
M.Philippe Demachy est un homme convaincant : l’entendre parler d’automatisme implique la remise en cause de pas mal d’idées reçues, et pour les béotiens comme moi, et pour ceux qui exploitent des centrales qui ont déjà avalé quelques milliards de mètres cubes, s’ouvrent grâce à quelques petits boitiers judicieusement choisis de larges marges d’optimisation de la production.
L’automatisation n’est rien sans informations, transmises en particulier par des capteurs : grâce à M. Jean-Marc Rollet, nous avons eu un panorama des divers types de sondes existantes, leurs avantages et inconvénients. Ces informations permettent de choisir le matériel en adéquation avec les besoins.
Autre élément central du pilotage d’une centrale : l’hydraulique. Oui, mais l’autre, celle qui fonctionne… à l’huile. M. Cvetko Zagar, spécialiste du sujet, a expliqué le fonctionnement d’un système hydraulique, de la pompe aux vérins. En prime, des explications précises sur les constituants du circuit (flexibles, clapets, régulations, vannes, etc…) et de précieuses informations sur la maintenance des groupes .
Enfin, pour une fois l’intervention d’un assureur n’était pas synonymes de problème et d’ennuis : M. Stéphane Duret , passionné à titre personnel et professionnel d’hydroélectricité, nous a expliqué comment choisir nos contrats et détaillé très clairement les diverses clauses : s’il y a un domaine dans lequel un interprète est bienvenu, c’est bien celui des assurances. Qu’il soit remercié pour son franc-parler et la clarté de son exposé.
Je ne peux que conseiller sans réserve à toute personne concernée par les petites centrales hydroélectriques d’assister à ce stage, chacun y trouvera largement de quoi justifier le temps passé et l’investissement.
C’est aussi une occasion d’échanger avec les stagiaires, partager ses expériences, nouer des relations. Les intervenants se sont montrés également très disponibles en dehors des sessions, pendant les visites de centrales, durant les pauses, et même assaillis de questions, c’est avec le sourire et dans la bonne humeur que les réponses ont été apportées.
Sur ce bilan général très positif, je vais maintenant placer quelques petits bémols, juste histoire de dire que la perfection n’est pas loin :
Certains éléments du programme n’ont pas été réalisés : point de travail sur plan, point d’exercice pratique… dommage, sur le papier ça ne manquait pas de sel !
Une session traitant de façon générale de la sécurité des microcentrales et la réglementation associée (protection incendie, protection des intervenants et du public, etc…) serait bienvenue pour être vraiment complet.
Enfin, prônant pour ma petite chapelle, et sans en faire une priorité, il serait bon que les particularités des touts petits sites (<100kW) ne soit pas trop systématiquement mis de coté : il existe des centaines de petites chutes qui ne demandent qu’à travailler et beaucoup de passionnés désireux de les faire revivre !
Merci très sincèrement à la société Erema de mettre à disposition des gens intéressés ses compétences et celle de ses partenaires : elle participe ainsi à la diffusion d’une information objective, complète et pratique et agit ainsi pour la promotion et la défense de notre belle énergie.
François Romiée – Centrale de Montfalconnet (30kW hydraulique et 21 kW solaire : small is beautiful !)